Guenhwyvar, sa création

Guenhwyvar, sa création

Vous connaissez surement Guenhwyvar, la fidèle panthère de Drizzt Do'Urden. Eh bien j'ai réussit à trouver l'histoire de sa création écrit par S.A. Salvatore lui-même (Je ne sais pas qui l'a traduit par contre...)

Pour le plaisir de tous, je vais vous poster le texte ici-même!

PS: C'est asser long, donc assurez-vous d'avoir du temps!

Bonne lecture! Bonne lecture! Bonne lecture! Bonne lecture! Bonne lecture!

Josidiah Starym déambulait mélancoliquement à travers les rues de Cormanthor. L'elfe habituellement austère et sombre était d'humeur un peu frivole en ce jour, le beau temps et les récents événements survenus dans la cité enchantée n'y étaient pas étrangers. Josidiah était un chantelameur, un métier alliant la compétence d'escrimeur et la capacité d'utiliser la magie, ce qui en faisait un gardien des traditions elfiques et un protecteur pour les gens de sa race. à Cormanthor, en cette année 253, plusieurs elfes avaient justement besoin de la protection qu'il pouvait leur apporter. Les gobelins pullulaient, et pire, une grande agitation secouait la cité, des conflits entre familles nobles, incluant les Starym, menaçaient de détruire tout ce que Coronal Eltargrim avait réuni, et même tout ce que les elfes avaient construit à Cormanthor, la plus grande cité du monde.

Cependant cette journée là lui paraissait sans problème, surtout avec ce soleil printanier et cette douce brise soufflant du nord. Mais sa bonne humeur lui venait surtout du fait que les parents de Josidiah avaient promis au chantelameur de l'emmener avec eux à la cour d'Eltargrim pour tenter de régler une partie de leurs différends.

Josidiah priait pour que la cour elfique redevienne unie comme autrefois, même si plus que tout autre dans la cité, il était celui qui avait le plus à y perdre. Il était chantelameur, l'incarnation de tout ce que cela représentait d'être un elfe, bien qu'en cette époque trouble, la définition n'en soit plus très claire. C'était un âge de changement, de puissantes magies et de grandes décisions. C'était un âge où les humains, les gnomes, les petites-gens et même les nains barbus osaient s'aventurer sur les routes sinueuses de Cormanthor, par-delà les gracieuses structures en pointe d'aiguille des elfes. Au cours des cent cinquante années de l'existence de Josidiah, les préceptes elfiques étaient apparus équitablement définis et immuables; mais maintenant, à cause du sage et gentilhomme Coronal Eltargrim, il y avait de nombreuses disputes concernant ce que cela voulait maintenant dire d'être un elfe, et, plus important encore, quelles relations les elfes devaient entretenir avec les autres races vouées au bien.

"Joyeuse matinée, Josidiah," lança la voix d'une elfe qui n'était nulle autre que la jeune et ravissante nièce d'Eltargrim. La jeune fille se tenait sur un balcon dominant un grand jardin par delà l'avenue, dans le jardin les bourgeons n'étaient pas encore en fleurs.

Josidiah s'arrêta à mi-enjambée, bondit dans les airs en faisant un tour complet sur lui-même avant d'atterrir parfaitement agenouillé, ses longs cheveux d'or flottaient sur son visage révélant la lueur brillant dans ses yeux bleus. "Je vous souhaite le plus joyeux des matins, bonne Félicité," répondit le chantelameur. "Comme je voudrais avoir des fleurs pour rendre hommage à votre beauté plutôt que ces lames faites pour guerre."

"Des lames aussi belles que toutes les fleurs que j'ai vues," répondit Félicité sur un ton railleur, "surtout lorsqu'elles sont maniées à l'aube par Josidiah Starym, au sommet du Rocher de Berenguil."

Une bouffée de chaleur monta au visage du chantelameur. Il se doutait bien que quelqu'un l'avait épié au moment de son rituel matinal, une danse avec ses magnifiques épées, exécutée dans une totale nudité, maintenant il en avait la confirmation. "Peut-être Félicité devrait-elle se joindre à moi à l'aube demain," répondit-il retrouvant son souffle et sa dignité, "je pourrais la distraire de façon plus adéquate."

La jeune femme rit de bon coeur et retourna à l'intérieur de la maison, pendant que Josidiah se secoua la tête et passa son chemin. Un moment ses pensées s'attardèrent sur la façon dont il aurait pu "distraire" correctement l'espiègle jeune femme, cependant il craignait que s'attarder au charme et à la beauté de Félicité ne l'incite à s'engager dans une relation durable avec elle, une chose que Josidiah ne pouvait pas se permettre, du moins pas maintenant, pas après la proclamation d'Eltargrim et les changements drastiques qui étaient survenus.

Le chantelameur rejeta toutes ces pensées loin de lui, c'était une trop belle journée pour la gâcher avec de sombres pensées, tandis que continuer de penser à Fecicité ne l'aurait trop distrait pour la réunion qui aurait lieu bientôt. Josidiah emprunta la porte ouest de Cormanthor, les gardes de service se contentèrent de le saluer poliment alors qu'il sortait de la cité. Josidiah aimait bien cette cité, mais il aimait encore davantage les terres qui se trouvaient juste à l'extérieur. Là dehors, il se sentait vraiment libre de tous soucis, loin de toutes ces querelles insignifiantes ses sens étaient en alerte et la pensé qu'en ce moment un gobelin pourrait être en train de l'observer, son épieu prêt à l'empaler, cela aiguisait l'instinct de survie du redoutable elfe.

À l'extérieur de la cité habitait aussi un ami humain, un rôdeur devenu magicien portant le nom de Anders Beltgarden, dont Josidiah avait fait la connaissance il y avait près de quatre décennies. Anders ne s'aventurait jamais dans la cité de Cormanthor, malgré la proclamation d'Eltargrim d'ouvrir les portes de la cité aux non-elfes. Son ami demeurait très loin des routes normalement empruntées par les voyageurs, il s'agissait d'une tour surbaissé d'excellente construction, gardé par des runes magiques et autres tromperies de son propre cru, même la forêt environnante était remplie de sortilèges d'illusions provoquant la désorientation et la confusion. L'existence de la Tour Beltgarden était si secrète que seuls quelques elfes de Cormanthor en connaissaient l'existence, plus rares encore étaient ceux qui l’avaient déjà vu. Et parmi tous ceux là, seul Josidiah parvenait à trouver le chemin pour s'y rendre sans l'aide d'Anders.

Sur ce dernier point, Josidiah ne se faisait guère d'illusion, si Anders avait voulu l'empêcher de trouver le sentier menant à sa tour, le vieux mage prudent n'aurait eu aucune difficulté à y parvenir. Toutefois, en cette merveilleuse journée, il semblait à Josidiah que les sentiers sinueux menant à la Tour Beltgarden était inhabituellement plus facile à suivre, et lorsque l'elfe arriva à la demeure du mage il trouva la porte déverrouillée.

- "Andres," cria l'elfe en scrutant du regard le sombre couloir derrière le portail d’entrer, d'où provenait comme à l'habitude l'odeur d'une douzaine de chandelles que l'on venait d'éteindre. "Vieux fou, où es-tu?".
Un rugissement sauvage mit le chantelameur sur ses gardes, d'un geste plus vif que l'oeil l'elfe se retrouva avec ses épées dans les mains.

- "Andres?" cria-t-il encore. Sans bruits il s'engouffra dans le corridor avec une démarche agile et parfaitement balancée, ses souples bottes d'elfes effleurant à peine le sol de pierres aussi silencieusement qu'un félin s'approchant d'une proie. Le rugissement se fit encore entendre, révélant à Josidiah la nature de son adversaire potentiel, un félin en chasse. Un très gros félin en jugea le chantelameur par le profond rugissement résonnant sur la pierre du couloir.

Poursuivant son chemin dans le couloir, il traversa l'endroit où se trouvaient les premières portes de chaque cotés du hall d'entré et dépassa l'endroit où se trouvait la seconde porte sur à sa gauche. Enfin, la troisième d'où provenait le son des rugissements qu'il avait entendu. Cela rassura un peu le chantelameur et lui donna l'espoir que la situation pouvait être sous contrôle, cette porte permettait d'accéder au laboratoire d'alchimie d'Anders, un endroit habituellement bien gardé par le vieux magicien.

Josidiah jura contre lui-même pour ne pas s'être magiquement mieux préparé. Il n'avait étudié que quelques sortilèges, trouvant la journée trop belle pour la gaspiller en la passant la tête plongée dans un grimoire de magie.

Si seulement il avait mémorisé un sort qui lui aurait permis d'entrer plus rapidement dans la pièce, comme celui de portail magique, ou encore un sort lui permettant de voir dans la salle à travers le mûr de pierre. Mais non! Au moins il avait ses épées, et avec elle en mains, Josidiah Starym était loin d'être sans défense. S'adossant au mûr face à la porte, il prit une grande inspiration, puis sans attendre davantage, le vieux Anders pouvait être dans de sérieux problèmes, le chantelameur bondit et enfonça la porte.

L'elfe sentit un arc électrique lui traverser le corps alors qu'il franchissait le portail magiquement gardé, puis se trouva soudainement propulsé dans les airs, atterrissant violemment aux pieds d'une gigantesque table en chêne. Anders Beltgarden se trouvait justement en plein travail tout près de la table, il daigna à peine jeter un coup d'oeil en direction du chantelameur qui gisait par terre éberlué.

- "Tu aurais pu frapper," lui dit sèchement le vieux mage.

Josidiah se releva du sol sans cérémonie, les muscles légèrement endoloris, mais convaincus qu'il n'y avait aucun danger à proximité. Comme à l'habitude, le regard de Josidiah s'attarda sur l'humain. Le chantelameur n'avait pas vu beaucoup d'humains au cours de sa vie, les humains n'ayant fait que très récemment leur apparition au nord de la "Mer des +toiles Déchues", et on en rencontrait très peu dans Cormanthor ou dans ses environs.

Celui-là était l'humain le plus étrange qu'il ait jamais rencontré. Anders avait la figure toute plissée avec un teint cuivré et une barbe grise, l'un de ses yeux avait été crevé au cours d'une bagarre, et maintenant une pellicule grise avait pris la place du vert brillant de son oeil. Josidiah aurait pu fixer le visage du vieux Anders durant des heures, comme si en le faisant, il avait pu lire l'histoire de toute une vie à travers les rides et les cicatrices de son visage. Pour la plupart des elfes, incluant sa propre famille, le vieil homme n'aurait été rien d'autre qu'un objet de laideur, les elfes ne ressentant pas les effets de l'âge de la même façon que les humains. Une fois la maturité atteint, les elfes conservaient pendant plusieurs siècles une apparence de jeunesse, une vingtaine ou une cinquantaine d'hiver ne laissant pratiquement aucune trace.

Josidiah ne considérait pas Anders comme un objet de laideur, loin de là. Même les quelques chicots de dents qui lui restaient dans la bouche étaient un complément de l'être qu'il était devenu, cet être âgé et sage était ce monument à la vieillesse, sculpté par des années passées autant sous le soleil que dans les tempêtes à combattre les gobelins et les géants. Pour Josidiah c'était vraiment ridicule qu'il puisse avoir deux fois l'âge de cet homme, comme l'elfe aurait aimé que quelques rides viennent témoigner pour lui de l'expérience qu'il avait acquise.

- "Tu aurais pourtant dû savoir que la porte était protégée," dit Anders en riant. "Bien sûr, tu n'as pas pu t'empêcher de te donner en spectacle, donnant l'occasion à un vieillard de rire un bon coup avant de mourir!"
- "N'ai crainte, le vieux, tu as encore le temps de me voir mourir," répliqua le chantelameur.

- "Effectivement, c'est une sérieuse possibilité si tu continues à entrer dans mon laboratoire sans t'annoncer."

- "J'ai eu peur pour toi," expliqua Josidiah, explorant du regard l'immense salle, trop grande par rapport aux dimensions de la tour, et cela même si la salle avait occupé la totalité d'un étage. Le chantelameur se doutait que le vieux mage utilisait une magie à caractère extradimentionnelle, mais jamais il n'était parvenu à la détecter, et ce n'était certes pas le frustrant Anders qui allait le lui confirmer. Aussi grand soit-il, le laboratoire d'alchimie d'Anders n'en demeurait pas moins très encombré, avec ses hautes piles de boites, ses tables et ses cabinets remplis à pleine capacité.

- "J'avais entendu un rugissement," ajouta l'elfe. "Celui d'un félin en chasse."

Sans détourner son regard ses fioles qu'il manipulait, Anders fit un signe de la tête en direction d'une grande cage recouverte d'une toile. "Ne t'approche pas trop près," dit le vieux mage avec un rire exubérant et saccadé. "Le vieille Moustache t'attraperait par le bras et t'entraînerait dans sa cage, n'en doute pas un instant!".

- "Et là, çà te prendrait plus que tes brillantes épées," poursuivit Anders toujours en riant.

Josidiah n'écoutait pas, à pas feutrés pour ne pas déranger le félin, il s'approcha tranquillement de la cage. Attrapant un coin de la toile, il recula prudemment en soulevant la toile. Le chantelameur figea, la bouche grande ouverte!

Il s'agissait bien d'un félin, comme le soupçonnait l'elfe, une grosse panthère noire, deux fois, non, trois fois plus grosse que le plus grand félin que Josidiah n’ait jamais vu. De plus, il s'agissait d'une femelle et les femelles sont habituellement plus petites que les mâles. Elle se promenait lentement et méthodiquement dans sa cage, comme si elle était à la recherche d'une faiblesse de la cage, d'une façon de s'enfuir, malgré sa formidable musculature la bête se déplaçait avec une grâce inégalable.

- "Comment t'es-tu procurer une bête aussi magnifique?" demanda le chantelameur. Sa voix avait apparemment attiré l'attention de la panthère, elle s'était subitement arrêtée. La bête dévisageait Josidiah avec une telle intensité qu'elle enlevait toute parole de la bouche du chantelameur.

- "Oh, j'ai mes méthodes de recherche, elfe," dit le vieux magicien. "Il y a longtemps que je cherchais le félin adéquat, à travers les mondes connus et même certains endroits qui ne sont présentement connus que de moi!"

- "Mais pourquoi?" demanda Josidiah, sa voix n'étant devenue guère plus qu'un murmure. Sa question s'adressant autant au vieux mage qu'à la magnifique panthère, la pensée du chatelameur ne parvenant absolument pas à trouver une raison justifiant que l'on place cette créature dans une cage.

- "Tu te rappelles l'histoire que je t'avais raconté à propos de l'embuscade du canyon," répondit Anders, "de quel façon mon mentor et moi avons échappé des griffes d'un millier de gobelins en volant montés sur le dos d'un hibou géant?"

Josidiah acquiesça de la tête et sourit, se remémorant l'amusante histoire. Un moment plus tard, toute l'implication des paroles d'Anders le frappa de plein fouet, l'elfe se tourna alors vers le mage le visage renfrogné. "La figurine," murmura Josidiah, le hibou provenait d'une statuette dont l'enchantement permettait à son possesseur de faire apparaître le grand oiseau en cas de besoin. Il y avait de nombreux artefacts de ce genre à travers le monde, il y en avait même plusieurs à Cormanthor, et Josidiah était en désaccord avec la méthode employée pour les fabriquer, même si les capacités magiques du chantelameur se trouvait bien en dessous de celles requises pour l'enchantement. L'elfe regarda à nouveau la panthère, la tristesse se lisait dans le regard de la bête, puis il se tourna brusquement vers Anders.

- "Le félin doit être tué durant la fabrication," protesta le chantelameur. Son énergie vitale sera drainée dans la statuette que tu vas créer."

- "Je travaille présentement sur cette partie," dit Anders à la légère. "J'ai retenu les services d'un excellent artisan nain pour sculpter la statuette de la panthère, le meilleur homme... le meilleur nain de la région. N'ai crainte, la statuette rendra justice au félin."

- "Rendre justice?" répéta sceptiquement le chantelameur, rencontrant à nouveau le regard intense et intelligent émanant des yeux d'un vert jaune de la gigantesque panthère. "Ne vas-tu pas tuer le félin?"

- "Je lui offre l'immortalité," protesta Anders avec indignation.

- "Tu offres la mort à sa volonté et l'esclavage à son corps," protesta Josidiah d'un ton cassant, plus fâché qu'il ne l'avait jamais été contre le vieux Anders. Le chantelameur avait déjà eu l'occasion de voir quelques figurines et jusque là il les avait considérées comme de merveilleux artefacts magiques, malgré le fait que l'on devait sacrifier l'animal. Après tout, Josidiah avait lui-même déjà tué des cerfs et des sangliers pour mettre sur sa table, alors pourquoi cela serait-il pire si un magicien se servait d'un animal pour en faire un objet utile?

Mais dans son coeur, Josidiah sentait que cette fois c'était différent. Cet animal, ce magnifique félin ne devait pas être réduit à l'esclavage.

- "Tu vas forcer la panthère..." commença Josidiah.

- "Moustache," précisa Anders.

- "La panthère..." répéta vivement Josidiah, incapable d'accepter qu'un nom aussi farfelu puisse être attribué à cet animal. "Tu va faire de cette panthère un simple outil, un objet animer au service de la volonté de son maître."

- "A quoi t'attendais-tu donc?" répliqua le vieux mage. "Que pourrait-on vouloir en faire d'autre?"

- Josidiah haussa les épaules et soupira, impuissant. "La rendre indépendante," murmura-t-il.

- "Dans ce cas, à quoi cela me servirait-il de me donner autant de mal?"
L'expression de Josidiah exprimait clairement le fond de sa pensée. Dans une situation de danger, un compagnon magique indépendant ne serait probablement pas d'une bien grande utilité à un aventurier, mais du point de vue de l'animal sacrifié c'était sûrement préférable que de devenir esclave.

- "Tu as mal choisit, chantelameur," taquina Anders. "Tu aurais dû devenir rôdeur, ta vocation tend dans cette direction!"

- "Un rôdeur comme l'était Anders Beltgarden?" demanda le chantelameur, pendant que le vieux mage poussa un long soupir d'impuissance. "As-tu laissé tomber tous tes principes pour l'attrait illusoire des mystères de la magie?"

- "Oh, tu aurais sûrement fait un excellent rôdeur," rétorqua sèchement Anders.

- Josidiah haussa les épaules: "La profession que j'ai choisit n'est si différente que èà de celle d'un rôdeur," raisonna-t-il.

Sans rien dire, Anders ne pouvait qu'en convenir. Effectivement, à travers Josidiah Starym, l'humain se revoyait alors qu'il était encore jeune et idéaliste. Chose étrange chez les elfes, Josidiah faisait deux fois son âge et pourtant il lui faisait penser à lui-même alors qu'il avait à peine le tiers de son âge actuel.

- "Quand vas-tu commencer?" demanda Josidiah.

- "Commencer?" railla Anders. "Pourquoi, èà fait trois semaines que je travaille sur la bête, et avant j'ai passé six mois à préparer les parchemins, les poudres, les huiles et les herbes. C'est un procédé difficile et je dois ajouter que c'est assez dispendieux! As-tu une idée du prix qu'un gnome m'a demandé pour un simple remplissage de métal, des pièces si petites qu'elles pourraient être placées sans danger au travers de la nourriture du félin?"

Josidiah lui n'avait pas envie de poursuivre la discussion dans cette direction. Il ne voulait pas savoir comment le mage allait s'y prendre pour empoisonner l'existence de cette magnifique panthère, c'est du moins ce que le chantelameur considérait qu'allait faire le mage. L'elfe se tourna à nouveau vers le félin, plongeant son regard dans ces yeux intenses, tellement plus intelligents que tout ce qu'on aurait pu normalement s'attendre.

- "C'est une belle journée," marmonna le chantelameur, même s'il était persuadé que Anders ne délaisserait pas son travail, ne serait-ce qu'un moment, pour profiter du beau temps. "Même mon entêté d'oncle Taleisin, Seigneur Protecteur de la Maison Starym, expose sa figure aux rayons du soleil."

- Anders éclata de rire. "Alors aujourd'hui il va sourire avec un teint bronzé en étendant Coronal Eltargrim avec un crochet de droite!"
Josidiah qui ne s'attendait pas à la remarque fut entraîné par le rire contagieux d'Anders. En effet, Taleisin était un elfe bourru et entêté, et si en retournant à la maison aujourd'hui Josidiah apprenait que son oncle avait asséné un coup de poing à Coronal, il n'en serait pas autrement surpris.

- "Eltargrim a pris une décision importante," ajouta Anders devenu soudainement sérieux. "C'est aussi une décision courageuse. En ouvrant la porte aux autres races de bonne volonté, ton Coronal permet à la roue du destin de tourner, une fois en mouvement, il ne sera pas facile de l'arrêter."

- "Pour le bien ou pour le pire?" demanda Josidiah.

- "Seuls les prophètes pourraient le dire," répondit Anders avec un haussement d'épaules signifiant son impuissance. "Mais c'était le bon choix, j'en suis certain, même si ce n'est pas sans représenter certains risques," ajouta le vieux mage. "C'est une vraie pitié, "déclara-t-il, "même si j'étais encore un tout jeune homme, je doute de voir un jour le fruit de la décision d'Eltargrim. Compte tenu de la façon dont les elfes mesurent le passage du temps, combien de siècles faudra-t-il avant que les Starym acceptent le décret d'Eltargrim?"

Cela provoqua un autre pouffement de rire de la part de Josidiah, mais son rire fut de courte durée. Anders avait parlé de risques, et il y en avait certainement plusieurs. De nombreuses éminentes familles, et pas seulement les Starym, étaient outragées par l'immigration de gens, que plusieurs elfes hautains considéraient être inférieures. Il y avait même eu quelques mariages interraciaux, entre elfes et humains à Cormanthor, mais toutes progénitures de ces unions seraient sûrement mises au ban de la société.

- "Mon peuple finira bien par accepter la sage décision d'Eltargrim," affirma l'elfe avec détermination.

- "Je prie que tu ais raison," lui répondit Anders, "sans quoi Cormanthor aura à affronter un plus grand péril que le chamaille de quelques elfes entêtés."

Josidiah regarda le vieil homme avec scepticisme et curiosité.

- "Les humains, les petites gens, les gnomes et, plus important encore, les nains se promenant au milieu des elfes vivants à Cormanthor," murmura Anders. "Je suppose que les gobelins savourent la pensée d'une telle éventualité, c'est-à-dire que tous les ennemies qu'ils détestent se retrouvent mélangés dans délicieux ragoût!"

- "Ensemble, nous sommes beaucoup plus fort," s'objecta le chantelameur. "Les mages humains sont plus puissants que les nôtres, les nains forgent des armes redoutables, les gnomes créent des objets utiles et merveilleux, et les petites gens, oui, même les petites gens sont des alliés astucieux et de dangereux adversaires."

- "Je ne dis pas le contraire," ajouta Anders, agitant sa main droite bronzée et marquée sur trois doigts par la morsure d'un gobelin, essayant de tempérer les déclarations de l'elfe. "Et comme je l'ai dit tantôt, Eltargrim a pris une bonne décision. Seulement, souhaitons que les disputes internes se règlent rapidement, sans quoi les troubles à Cormanthor seront dix fois pires."

Josidiah calma son enthousiasme et acquiesça de la tête; il ne pouvait qu'être en accord avec le raisonnement du vieux Anders, en faits, ils partageaient les mêmes craintes depuis un bon moment. Avec toutes les races vouées à la cause du bien habitants la même cité, les chaotiques gobelins se rassembleraient en plus grand nombre qu'avant. Si malgré les différences raciales, ils faisaient front commun, se renforcissant par leurs diversités, ces gobelins, peu importe leur nombre, finiraient par être repoussés. Mais si les habitants de Cormanthor ne trouvaient pas une façon de s'unir...

Josidiah repoussa ces pensées, les mettant de coté pour un autre jour, un jour de pluie et de brume, peut-être. Il regarda à nouveau la panthère, inclinant la tête avec encore plus de tristesse, se sentant vraiment impuissant. "Prend bien soin de ce félin, Anders Beltgarden," dit-il, sachant fort bien qu'effectivement le vieillard, autrefois un rôdeur, en prendrait effectivement bien soin.

Josidiah s'en retourna, marchant encore plus lentement pour retourner à la cité elfique. Sur le chemin du retour, il aperçut à nouveau Félicité sur son balcon, portant une robe légère et soyeuse, arborant un malicieux sourire invitant, mais l'elfe passa tout droit en lui faisant signe de la main. Soudainement le chantelameur ne se sentait plus aussi d'humeur à se divertir.

À plusieurs reprises, dans les semaines qui suivirent, Josidiah retourna à la tour d'Anders, s'assoyant calmement devant la cage, communiquant silencieusement avec la panthère, pendant que le mage était pris par son travail.

- "Elle sera à toi quand j'aurai terminé," annonça Anders de façon inattendu, le jour où l'été succéda au printemps, pendant que Josidiah dévisagea le vieil humain le regard vide. "Le félin, je veux dire," ajouta Anders. "Moustache sera à toi quand j'aurai complété mon travail." Les yeux bleus de Josidiah s'ouvrirent grand d'horreur, ce que Anders interpréta d'abord comme une réaction de bonheur suprême. "Elle ne me sera pas d'une grande utilité," expliqua le mage. "Je ne m'aventure pratiquement plus à l'extérieur, et en vérité, il ne me reste guère plus que quelques hivers à vivre. Je me dis, qui mieux que Josidiah Starym, mon ami qui aurait dû devenir rôdeur, devrait avoir ma plus précieuse création?"

- "Je n'accepterai pas," répliqua abruptement l'elfe avec sérieux, pendant que les yeux d'Anders s'ouvrirent grands de surprise. "Çà me rappellerais continuellement ce que fut le félin," dit l'elfe, "et ce qu'elle aurait dû être. à chaque fois que j'appellerais ce corps devenu esclave, à mes cotés, à chaque fois que cette magnifique créature s'assoirait sur son postérieur attendant mon commandement pour s'animer, j'aurai l'impression d'avoir dépasser mes limites de mortel, d'avoir joué au dieu avec quelqu'un qui n'avait pas besoin de ma folle intervention."

- "Ce n'est qu'un animal!" protesta Anders, pendant que Josidiah était soulagé de voir qu'il avait réussi à percer le vieux mage, un homme que l'elfe savait être trop sensible pour sous-estimer la chose.

- "Non," dit l'elfe, tournant son regard pour rencontrer celui de la panthère qui n'était pas sans comprendre. "Pas celle-là!" Ensuite l'elfe demeura silencieux, pendant que Anders, avec un soupir de protestation, retourna à son travail, laissant l'elfe assis, le regard fixé sur la panthère, partageant silencieusement ses pensées avec l'animal.

C'était pour Josidiah Starym un soir de tourment absolu, convaincu qu'Anders aurait complété son travail avant que la lune ne soit rendue haute dans le ciel et que la magnifique panthère serait tuée pour fabriquer un objet magique, un simple outil magique. Le chantelameur quitta Cormanthor sans se soucier des avertissements de dangers qui étaient affichés, concernant ceux qui s'aventuraient hors de la cité la nuit: "des gobelins et des monstres encore plus menaçant hantaient la forêt.

Josidiah ne s'en préoccupa pas, ne pensant même pas à sa sécurité. Il lui semblait que son destin n'était pas en jeu, pas comme celui de la panthère. Il pensa d'abord à aller trouver Anders, à faire une dernière tentative pour convaincre le vieil humain de renoncer à ses projets, mais le chantelameur repoussa cette idée. Il ne comprenait pas les humains, réalisa-t-il soudain, et il avait perdu foie en cette race, et subséquemment dans la décision d'Eltargrim, tout cela, à cause de ce qu'il percevait comme l'échec d'Anders. Le mage, autrefois un rôdeur et plus sensible aux idéaux des elfes que la plupart de ceux de cette race grossière, aurait dû savoir mieux que de sacrifier un animal aussi merveilleux et aussi intelligent que l'était la panthère, et cela juste pour un intérêt à l'égard de la magie.

Josidiah traversa la forêt, et là où cessait la voûte de feuillage et de verdure, il poursuivit son chemin sous les étoiles qui brillaient malgré l'éclat de la pleine lune de l'ouest. Ensuite, il atteignit la colline sans arbre et sans effort il grimpa la pente douce couverte d'un épais tapis d'herbe avant d'atteindre le sommet de la colline, un endroit privé et spécial où il venait souvent pour y méditer.

Puis il se contenta de rester là à contempler les étoiles, laissant le flot de ses pensées voler vers les grands mystères, l'inconnu et l'impénétrable, les cieux eux-mêmes. Il se sentit soudain l'âme d'un mortel, comme si son dernier siècle d'existence n'avait été qu'un soupir à travers la vie éternelle de l'univers. Un soupir qui ne lui semblait guère plus long, que ce qu'il restait à vivre à la panthère, à condition que le félin soit toujours en vie.

Un faible bruissement au pied de la colline alerta l'elfe et le fit sortir de sa contemplation. Il s'accroupit immédiatement et fixa son regard dans cette direction, scrutant les environs avec son infravision. Des sources de chaleur se déplaçait, tout le long du pied de la colline, Josidiah les reconnu facilement et ne fut pas surpris lorsqu'une armée d'orques surgit en criant hors des buissons, brandissant leurs armes et chargeant en direction de la colline et de l'elfe solitaire, une proie apparemment facile.
Les meneurs orques arrivèrent sur la crête de la colline, ils étaient suffisamment près pour que Josidiah puisse voir la ligne luisante de bave s'échappant de leur mufle, alors qu'il envoyait sa boule de feu. Les langues de flammes engouffrèrent complètement le coté de la colline, ratatinant les orques. C'était un geste désespéré, Josidiah détestait lancer ce sort dans la nature verdoyante, mais il n'avait guère d'autre option. Même lorsque les orques de ce coté de la colline tombèrent morts carbonisés par les flammes, ils furent rapidement remplacés par la charge sauvage d'un second groupe, puis d'un troisième, ce dernier venant de l'autre coté de la colline.

Josidiah sortit ses deux épées, prêt à engager le combat. "Flammes de purification," cria l'elfe, invoquant le pouvoir contenu dans ses épées. Une flamme verte lécha le métal, mettant en évidence les lignes distinctes des lames aussi affûtées que des rasoirs. Les deux orques les plus près, ceux qui avaient échappé à l'explosion de la boule de feu, faillirent trébucher de surprise à la vue des épées enflammées et pour un instant en laissèrent tomber leur garde. Trop tard pour eux, l'épée gauche de Josidiah trancha la gorge du premier, pendant que sa lame de droite s'enfonça profondément dans la poitrine du second.

L'elfe se retourna vivement, faisant dévier un épieu de sa trajectoire, se pencha pour en éviter un second, puis en redirigea un troisième vers le sol d'un mouvement de ses épées vers le bas. Il fit une roulade et se lanèa dans une charge vers le coté opposé de la colline, croisant la course de trois monstres et les attaqua furieusement avant qu'ila puissent coordonner leurs défenses. L'un d'eux s'effondre mortellement blessé, un autre perdit la moitié de son bras, tranché net par le balayage mortel de la lame de l'elfe. Ceux-là à peine vaincus, immédiatement Josidiah fut pressé de tout côtés, les orques l'attaquant avec leurs longs épieux ou en fonçant droit devant eux pour le cingler avec leurs courtes et cruelles épées.

Attaqué de toute part, l'elfe n'eut d'autre choix que d'adopter une position défensive avec ses épées enflammées, seul il ne pouvait en aucune façon rivaliser avec autant d'adversaires à la fois et il se mit à réciter l'incantation d'un autre sortilège. Atteint aux côtes par la pointe d'un épieux, il faillit perdre sa concentration et le sortilège qu'il était en train d'invoquer, mais heureusement sa cotte de maille elfique finement travaillé l'avait protégé d'une blessure sérieuse et il put compléter son incantation en effectuant une pirouette, frappant ensemble les manches de ses épées l'une contre l'autre, hurlant la dernière parole qui déclencha l'effet de son sort.

Les lames des épées redevinrent soudainement droites. Touchant l'un contre l'autre l'extrémité de ses pouces, il fit jaillir devant lui un demi cercle de flamme. Sans même s'arrêter pour regarder les effets de son sortilège, Josidiah se retourna sur lui même, frappant de tous côtés avec ses épées, rempli d'une soudaine furie. D'une charge, il brisa la ligne d'attaque des orques et créa plusieurs ouvertures dans la position défensive de ses ennemies. La poussée d'adrénaline permit au chantelameur de continuer à se déplacer, faisant danser ses lames et taillant en pièces les orques avec fureur. Il se mit à penser à la panthère et à son injuste destiné, cela lui permit de diriger contre les orques l'agressivité qu'il ressentait pour cet acte.

Un autre orque tomba mort, un autre par-dessus lui, et plusieurs autres s'enfuirent en bas de la colline n'ayant aucune intention d'affronter cet invincible guerrier et bientôt l'elfe n'eut plus qu'une poignée d'orques à affronter, la plupart se tenant hors de portée. Soudain l'elfe sentit qu'il y avait quelque chose d'autre, quelque chose d'encore plus maléfique et de plus puissant. Quelque chose qui donnait confiance à ces orques et les forçait à poursuivre l'attaque même si plusieurs de leur race étaient tombés au combat et que plus d'une douzaine avaient été grièvement blessés.

L'elfe prit une profonde inspiration en voyant apparaître ses nouveaux adversaires et Josidiah réalisa soudain sa folie. Il pouvait vaincre une vingtaine d'orques, même une quarantaine peut-être lorsqu'il était en possession de ses sortilèges, mais le trio qui venait d'apparaître n’était pas des orques, il s'agissait de géants.

Le félin rugissait et se promenait inlassablement de long en large dans sa cage; Anders se demanda si la panthère savait ce qui l'attendait, si elle comprenait qu'il s'agissait de sa dernière nuit en tant que créature mortelle. La pensée que la bête puisse effectivement comprendre ce qui l'attendait ébranla profondément le vieux mage, faisant échos dans son esprit aux arguments de Josidiah qui s'opposait à cette transformation.
La panthère rugit à nouveau, se jetant contre la porte de sa cage, rebondissant, se promenant et rugissant encore. "Qu'est-ce qui se passe avec toi?" demanda le vieux mage, mais le félin se contenta de rugir avec colère et désespoir. Anders la regarda, se demandant jusqu'à quel point le félin pouvait comprendre? Se demandant ce qui se passait.

La panthère fonça à nouveau furieusement contre les barreaux de sa cage, rebondissant bruyamment. Anders se secoua la tête, profondément perturbé, il n'avait jamais vu la panthère dans un état pareil. "Va au diable, elfe," grogna le magicien, souhaitant n'avoir pas montré Moustache à Josidiah avant que la transformation n'ait été complétée. Il prit une profonde respiration, ordonna au félin de se calmer et sortit une fine baguette.

"Çà ne fera pas mal," promit Anders en s'excusant. Il prononça le mot-clé et la baguette émit un rayon verdâtre, enveloppant complètement la panthère. Le félin s'immobilisa, demeurant parfaitement immobile, paralysée par la magie émanant de la baguette. Anders prit la figurine et le couteau qu'il avait spécialement préparé pour la circonstance, puis il ouvrit la porte de la cage. Depuis le début, il se doutait bien que ce ne serait pas facile! Maintenant à coté du félin, la statuette en main, il approcha lentement le couteau près de la gorge de la créature. Anders hésita!

"Suis-je en train d'essayer de jouer au dieu?" se demanda-t-il à voix haute. Il regarda dans les yeux merveilleusement intelligents du félin et pensa à Josidiah qui en fait agissait davantage comme un rôdeur que comme un chantelameur, l'elfe était comme Anders l'avait été avant de vouer le reste de sa vie à l'apprentissage de la magie. Ensuite il regarda le couteau qu'il tenait dans sa main, sa main de rôdeur qui était sur le point de trancher la gorge de cette magnifique créature.

"Oh, maudit elfe!" s'écria le mage, lançant du même coup le couteau de l'autre côté de la cage. Puis il entreprit de réciter les paroles d'un sort, un sortilège qui lui vint inconsciemment aux lèvres. Il n'avait pas utilisé ce sortilège depuis des mois et jamais il ne sut pourquoi il s'en était soudainement souvenu. Il le lanèa avec force et puissance, de sorte que toutes les portes de son cabinet de travail, toutes les portes du hall d'entrée et toutes les portes de la section basse de sa tour s'ouvrirent toutes grandes.

Le mage se rendit sur le coté de la cage et retomba assis. Déjà le grand félin remuait, la puissance magique de la baguette ne parvenait plus à retenir une pareille créature aussi longtemps. Anders reprit la baguette de paralysie, se demandant s'il en aurait encore besoin pour assurer sa propre protection.

Le félin se secoua vigoureusement la tête et bondit droit devant lui, signe qu'il avait retrouvé ses sens. La panthère jeta un coup d'oeil du coté de Anders, pendant que le mage déposait la baguette à coté de lui. "J'ai tenté de jouer au dieu avec toi, Moustache," murmura le vieil homme. "Maintenant c'est à ton tour". Cependant la panthère était préoccupée et ne pensait guère au mage alors qu'elle sortait de sa cage. La bête traversa la pièce et dévala le corridor. Elle était partie depuis bien longtemps lorsque Anders atteignit la porte et sortit à l'extérieur de sa tour. Le vieux mage resta planté là un moment, contemplant la nuit, ne se lamentant pas pour ses semaines de travail et d'efforts perdus, sans compter l'or qu'il avait inutilement dépensé.

"Ce n'est pas du gaspillage," admit sincèrement Anders, considérant la leçon qu'il venait d'apprendre. Le vieux mage trouva moyen de sourire et se retourna pour rentrer dans sa tour. C"est alors qu'il aperçut l'éclat d'une boule de feu formant un champignon au sommet d'une colline en direction nord, un endroit qu'Anders connaissait bien.

"Josidiah," murmura le vieil homme, la voix entrecoupé. Une supposition très logique, le sommet de cette colline était l'endroit préféré de Josidiah, un endroit dans lequel Anders pouvait s'attendre de retrouver l'elfe par une soirée comme celle-là. Jurant parce qu'il n'avait que quelques sortilèges de mémorisé pour une confrontation. Le vieil homme entra prestement dans sa tour pour récupérer quelques objets utiles.

La seule chance de Josidiah résidait dans sa vitesse, darder ses ennemis sans les laisser s'approcher de lui, mais même cette tactique ne pouvait que retarder l'inévitable. L'elfe fonça à gauche, pivota sur lui-même, sentant qu'on le poursuivait derrière. Les repoussant ensuite avec un balayage de ses épées, Josidiah se retourna et frappa à nouveau à gauche et finalement dut se retirer. Cette fois l'elfe n'avait pas seulement freiné son élan, il avait dû reculer, faisant virevolter une de ses épées d'une main avant de frapper derrière lui dans le ventre d'un orque qui le poursuivait.

Son sourire sardonique de satisfaction fut de courte durée, même si la créature s'effondra morte sous la frappe de sa lame et même si les quelques orques qui restaient s'enfuirent en bas de la colline. Josidiah venait de repérer l'approche des trois géants, des mastodontes d'un peu moins de cinq mètres de hauteur balançant lentement des massues, de la taille de l'elfe, garnies de piquants. Josidiah considéra les sorts qu'il lui restait pour tenter de faire tourner la situation à son avantage, mais il ne lui restait plus rien. Il devrait combattre ces monstres uniquement avec ses épées. Avec ces trois géants qui s'avançaient vers lui en coordonnant leurs mouvements, cela n'annonçait rien de bon.

L'elfe se déplaça à droite, hors de portée des massues, puis revint loin du second géant, tentant d'atteindre le premier en l'attaquant avant qu'il puisse rabattre sa lourde massue sur lui. En fait, il était parvenu à toucher, mais le troisième géant lui avait barré la route, le forçant à plonger et à faire une roulade pour éviter la puissante frappe. L'elfe se dit alors qu'il se devait de les faire agir l'un contre l'autre, les forcer à s'entremêler dans les mouvements de leurs longs membres.

Il brandit une épée bien haute, hurlant en se lançant dans une charge contre la brute la plus près de lui, puis se pencha bien bas sous la massue pour éviter l'attaque et plongea pour faire une roulade. Il se releva et se retrouva entre les jambes écartées du géant. Il toucha le géant juste au-dessus de lui avec une de ses épées, tandis qu'avec l'autre il le frappa sur le coté de la jambe juste avant de s'enlever de dessous le mastodonte, parant l'attaque de l'un de ses compagnons avec un mouvement de déflexion, ses deux épées absorbant le choc de la massue.

Sous la force de l'impact, les bras de Josidiah se retrouvèrent engourdis et paralysés; l'empêchant de se lancer dans une contre-attaque. Du coin de l'oeil, il aperçu le troisième géant qui se ruait vers lui, son attaque contre le premier géant l'avait placé dans une position précaire. Il grimpa la colline à sa droite, exécuta une autre roulade et aperçu la massue bien haute au-dessus de lui. Ce géant là en était un bien malin et ses coups de massues arrivaient rapidement. Josidiah roula sur lui-même une deuxième et même une troisième fois pour éviter les coups, mais il n'arrivait pas à se déplacer suffisamment loin pour se placer hors de portée.

Le géant rugit, souleva sa lourde massue au-dessus de sa tête pendant que Josidiah tenta de remonter la colline. L'elfe s'arrêta net, apercevant un énorme épieux noir passer au-dessus de sa tête. "Un épieux?" s'interrogea-t-il.

Non ce n'était pas un épieux réalisa soudain le chantelameur, mais une panthère, le félin du vieux mage. Elle arriva lourdement contre la poitrine du géant, ses griffes s'agrippant profondément dans la chair du monstre, sa redoutable mâchoire cherchant la figure du géant abasourdit. Débalançé, le mastodonte tomba à la renverse avec la panthère par-dessus lui.

Le félin était trop près et trop accroché à lui pour que le géant puisse utiliser sa massue, alors il laissa tomber son arme et tenta d'agripper l'animal. Les griffes des pattes avant de la panthère s'enfoncèrent davantage dans les chairs du géant, pendant qu'avec ses pattes arrière elle déchira les vêtements du géant avant de déchirer ses chairs.
Tant qu'à Josidiah, il n'eut pas le temps de se poser des questions sur le comment et le pourquoi de la présence de l'animal, il n'eut que le temps de se relever, un autre géant s'approchait de lui. Celui qu'il avait atteint se traînait aussi vers lui. Le chantelameur se déplaça sur le coté, essayant de garder les géants l'un en face de l'autre, tout en tentant de les combattre un à la fois. L'elfe se pencha pour esquiver l'élan puissant de la massue, se pencha à nouveau pour éviter le mouvement de retour, puis sauta bien haut pour éviter un balayage très bas de la massue. Le géant s'étant tellement penché pour frapper qu'il s'était presque plié en deux. Josidiah retomba sur ses pieds et alla frapper le monstre en pleine figure, non pas une, mais deux fois.

Hurlant de douleur, le géant s'éloigna un moment pendant que son compagnon se traînait pour prendre la relève, balayant devant lui en tenant sa massue d'une main et sa blessure au rein de l'autre main. Une soudaine explosion déchira le ciel, celle de la foudre qui aveugla temporairement l'elfe et le géant. Heureusement Josidiah n'avait pas besoin de voir pour poursuivre son combat.

La main du géant se referma sur le félin, mais l'agile panthère se retourna soudain, le mordant et l'amputant de trois doigts, enlevant au mastodonte tous envie d'écraser son adversaire avec ses mains. De son autre main, le géant repoussa violemment le félin de sa poitrine, sachant qu'il se devait de récupérer son arme avant que le félin ne revienne l'attaquer.

La panthère retomba sur ses quatre pattes, enfonçant ses griffes dans le sol pour se donner un momentum et bondir à nouveau sur le géant, l'atteignant à la tête, s'agrippant, mordant et griffant. Le mastodonte poussa un cri d'agonie et laissa retomber à nouveau sa massue. Se débattant, le monstre tenta à nouveau de repousser le félin avec ses deux mains, le frappant et lui infligeant plusieurs blessures profondes. Toutefois, la panthère ne lâcha pas prise, ses longs crocs s'enfoncèrent profondément dans la chair du mastodonte, ses puissantes griffes lacérant la figure du géant à en effacer les traits.

Josidiah alla se placer droit devant l'un de ses opposants, le géant saignait de plusieurs blessures, mais demeurait loin d'être vaincu. Son compagnon alla se placer à coté de lui. Épaule à épaule. Une nouvelle forme apparût au sommet de la colline, une forme voûtée, celle d'un humain. L'un des géants se tourna vers lui s'apprêtant à affronter ce nouvel ennemi.

- "Il t'en a fallu du temps pour arriver jusqu'ici," fit remarquer sarcastiquement l'elfe.

- "Il y a des orques dans les bois," expliqua Anders. "Il y a plein de ces vermines!"

L'humain ne présentait apparemment aucune défense et le géant se dandina jusque devant lui, prenant sa massue à deux mains. Anders ne lui prêta guère d'attention, commençant à réciter une nouvelle incantation. La massue siffla bruyamment en direction d'Anders, pendant que Josidiah poussa un cri d'horreur, pensant que le vieux mage allait être propulsé à un kilomètre de la colline sous la force de l'impact.
Le géant aurait tout aussi bien pu frapper la paroi d'une montagne de pierre, cela aurait eu le même effet. La massue frappa brutalement l'épaule de Anders et rebondit aussitôt. Le vieux mage n'avait même pas sourcillé, n'interrompant aucunement son incantation.

- "Oh, que j'aime ce sortilège" fit remarquer le vieux mage entre deux syllabes de son incantation.

- "Chair en pierre," fit remarquer Josidiah. "Tu me l'enseigneras!"

- Celui-là aussi"" ajouta Anders en riant. Il venait de compléter son incantation, plaçant ses bras devant lui en direction du sol, pointant l'endroit où étaient les pieds du géant. Immédiatement la terre jaillit dans plusieurs directions, comme si une douzaine de géants s'étaient mis à creuser furieusement en même temps. Lorsque l'effet du sort se termina, le géant se retrouva debout au fond d'un trou, ses yeux se retrouvant à égalité avec ceux du magicien. "C'est plus égale comme çà," fit remarquer Anders.

Le géant hurla de colère et tenta de soulever sa massue, mais s'aperçut que le trou dans lequel il se trouvait était trop étroit pour qu'il puisse brandir convenablement son arme, pendant que le mage entonna immédiatement l'incantation d'un autre sortilège, pointant un doigt directement entre les yeux du géant, pliant son doigt pour lui montrer un anneau orné de pierreries.

Avec son arme coincée dans le trou, le monstre improvisa, avançant sa tête, il mordit vigoureusement la main du magicien. Là encore Anders n'y porta guère d'attention, pendant que le géant se lamentait de douleur, s'étant brisé une dent dans sa tentative. Anders retira sa main, plaçant l'anneau à peine à un pouce de la bouche ouverte du monstre, puis il prononça le mot clé pour déclencher la magie de son anneau. Des boules de feu jaillirent dans la bouche du monstre, illuminant la tête du mastodonte.

- "Ta da!" dit le vieux mage, pliant les jambes et allongeant le bras, mimant une révérence pendant que le géant s'effondrait dans son trou. "Et la fosse est déjà creusée," dit Anders, vantant son exploit.

Le second géant en avait vu assez et il se mit à vouloir dévaler la pente de la colline pour s'enfuir, mais Josidiah n'avait aucune intention de le laisser s'en tirer aussi facilement. Le chantelameur couru derrière le géant, brandissant une de ses lames devant lui. Il laissa le monstre prendre suffisamment d'avance pour que lorsque le chantelameur bondit sur le géant, la lame de son épée aille s'empaler dans la gorge du monstre. Le géant tenta d'attraper l'elfe, mais il eut soudainement le souffle coupé. Ébranlé, il tomba à genou, puis glissa en bas de la pente.

Furieusement, Josidiah tournoya et agita son épée dans la chair du monstre pour agrandir la blessure, coupant les artères et la voie respiratoire du monstre. Du pied, il poussa dans le dos du monstre pour retirer son épée, pendant que ce dernier s'écroulait face contre terre, Josidiah se retrouvant debout sur le dos du géant. Le monstre était toujours en vie, encore haletant, mais ses blessures étaient mortelles, Josidiah en avait la certitude. Alors l'elfe retourna au sommet de la colline.

Le sourire de satisfaction d'Anders s'effaça rapidement lorsqu'il se rendit compte dans quel état se trouvait la panthère. Le félin avait bien fait sa part de travail, le géant gisait mort sur le sol, mais l'animal avait tellement été maltraité au cours de la bataille que la panthère reposait le corps désaligné, respirant laborieusement. Il était évident qu'elle devait avoir la colonne vertébrale brisée. Anders accouru vers la panthère, Josidiah vint le rejoindre quelques instants plus tard.

- "Fait quelque chose," implora l'elfe.

- "Il n'y a rien que je puisse faire," protesta Anders.

- "Retourne le félin dans la statuette," dit Josidiah. "Elle sera guérie quand elle reviendra".

- Anders se tourna vers l'elfe l'attrapant par le devant de sa tunique. "Je n'ai pas complété l'incantation requise," s'écria-t-il, et ce n'est qu'à ce moment qu'il réalisa toute l'étrangeté de la situation. Qu'est-ce qui avait amené le félin jusque là? Pourquoi une panthère, un animal sauvage, pourquoi était-elle accouru au secours de l'elfe? "Je n'étais même pas prêt de finir,"dit le mage d'une voix plus calme, relâchant l'elfe. "Je l'ai juste laissé aller!"

Josidiah se tourna vers Anders, le dévisageant, les yeux grands ouverts de surprise. La question était maintenant évidente pour les deux, mais ni l'elfe, ni le mage n'osa la prononcer à haute voix. - "Nous devons la ramener jusqu'à la tour," dit Anders.

L'incrédulité se lisait sur le visage de Josidiah. Comment allaient-ils faire pour transporter une panthère de six cents livres, tout molle, jusqu'à la tour? Anders avait toutefois la solution à ce problème. Il sortit une pièce de tissu en velours noire qu'il déplia à plusieurs reprises, jusqu'à ce que la pièce de tissu atteigne plusieurs pieds de diamètre. Puis le mage souleva un coté du tissu et le déposa doucement sous l'arrière train de la panthère.

Josidiah en cligna des paupières en voyant la queue du félin disparaître dans le tissu. "Soulève là, je vais passer cette partie sous elle," demanda Anders, ce que fit Josidiah, soulevant la panthère pouce par pouce pour permettre au mage d'envelopper le félin. Bientôt, la panthère disparut dans la noirceur du tissu.

- "C'est un trou extradimentionnel," expliqua le mage, glissant le tissu de façon à engouffrer la tête de l'animal. Puis il replia la pièce de tissu de la même dimension que celle qu'elle était avant qu'il ne la déplie et il glissa ensuite le tissu dans sa poche. "èà va bien aller pour elle," dit d'abord Anders. "Enfin, sauf pour les blessures que lui a occasionné le géant".

- "Magicien, c'est un merveilleux joujou que tu as là!" le félicita Josidiah.

- Du butin d'aventure," répondit Anders avec un clin d'oeil. "Tu en rapporteras sûrement plus que moi!"

Leur gaieté fut de courte durée, alors que le duo retournait à la tour d'Anders. Que pouvaient-ils faire de plus que d'apporter un peu de confort à la bête agonisante? C'est exactement ce que fit Anders, ouvrant le trou portable, extirpant l'animal de la poche extradimentionnelle. Puis il s'arrêta brièvement réfléchissant. Josidiah se crispa, comprenant que l'animal respirait ses dernières bouffées d'air.

- "Je pourrais peut-être compléter l'enchantement de la statuette," résonna Anders, jetant un regard de sympathie à Josidiah. "Va-t-en!" dit-il. "Je dois tuer le félin rapidement et sans merci pour cela!"

Josidiah fit signe que non de la tête, déterminé à être témoin de la transformation, jusqu'à la fin de la vie de ce merveilleux félin, ce cette intelligente panthère qui était venue spontanément à son secours. Comment l'elfe pouvait-il expliquer le lien qui avait grandi entre lui et le félin? La préparation magique de Anders avait-elle insufflé un sens de loyauté à la panthère, lui donnant le début d'un état amorphe d'esclavage qu'elle aurait connu à travers l'objet magique?

- Anders se dépêcha d'aller chercher la statuette et de la placer à coté de la panthère agonisante. "Tu vas prendre la figurine," dit le mage à Josidiah.

- "Je ne peux pas," répondit le chantelameur, car il pouvait supporter l'idée d'une panthère diminuée dans ses capacités, ne pouvant non plus considérer le félin comme un esclave.

- Anders n'essaya même pas d'argumenter avec l'elfe, il n'en avait pas le temps. Il versa de l'huile enchantée sur la tête du félin, entrelaçant ses mains au-dessus des yeux de la panthère pour activer la magie. "Je te nomme Moustache," commença-t-il à dire, plaçant la dague contre la gorge de l'animal.

- "Non," protesta Josidiah, accourant à coté du mage, lui arrachant la dague des mains. "Pas Moustache, jamais! Ce nom ne lui convient pas!"
Josidiah regarda à nouveau dans les merveilleux yeux jaune et vert du félin, une lueur intense brillait encore dans son regard, malgré qu'elle soit à l'article de la mort. Il regarda l'animal, cette belle amie silencieuse. "Ombre," déclara-t-il. "Non, pas Ombre," se reprit Josidiah, retirant à nouveau la dague de la portée de Anders. "Plutôt le mot ombre dans le langage des haut elfes," l'elfe regarda à nouveau dans les yeux du félin, une confirmation. Soudain il réalisa qu'il n'avait pas choisit ce nom, c'était le nom que portait déjà la panthère: "Guenhwyvar!"

Dès qu'il eut prononcer le nom, il y eut un éclair noir, comme une image négative de la foudre que lançait Anders. Une brume grise envahit la pièce, la pièce de tissu se contracta et disparut en même temps que la panthère, sans laisser de trace. Anders et Josidiah reculèrent et s'assoyèrent cote à cote. Pour un moment, il leur sembla ressentir un vide profond dans la pièce, une fissure dans l'univers, comme si leur plan d'existence avait été déchiré, juste avant que tout ne s'évapore et disparaisse, la panthère, le trou extradimentionnel, la fissure, ne laissant que la statuette.

- "Qu'est-ce que tu as fait?" demanda Josidiah au mage.

- "Moi?" répondit-il, consterné. "Demande toi plutôt ce que toi tu as fait!"
Josidiah s'approcha de la figurine, la prenant avec précaution dans ses mains. Il regarda ensuite en direction d'Anders qui acquiesça de la tête, signifiant son accord à l'elfe.

- "Guenhwyvar," appela l'elfe, nerveusement.

Un instant plus tard, l'espace à coté de L'elfe se remplit d'un tourbillon de brouillard gris, prenant graduellement la forme de la panthère. Elle respirait avec plus de facilité, ses blessures commençaient déjà à se cicatriser. Elle regarda en direction de Josidiah et l'elfe laissa échapper un soupir, perdu qu'il était dans l'intensité et l'intelligence de son regard. Il ne s'agissait pas d'une esclave, ni même d'un outil magique, c'était la panthère, la même merveilleuse panthère!

- "Comment as-tu fait cela?" demanda Josidiah.

- "Je ne sais pas," répondit Anders, "et je n'ai pas la moindre idée de ce que j'ai, de ce que nous avons fait à la statuette. Ce devrait être la figurine qui se transforme en une bête vivante. Pourtant le félin est là et la statuette aussi?" Le vieux mage rit tout bas, croisant son regard avec celui de l'elfe. "Retourne la pour qu'elle guérisse," demanda-t-il.

- Josidiah regarda le félin. "Va, Guenhwyvar, je t'appellerai bientôt, je te le promets."

- La panthère rugit, mais ce n'était pas un rugissement de colère, et lentement, elle s'avança de quelques pas avant de se fondre dans la brume grise.

- "C'est le plaisir de la magie," dit Anders! "Le mystère qui l'entoure. Le pourquoi? Même le plus puissant mage ne parviendrait pas à l'expliquer, je ne peux que faire des suppositions. Peut-être est-ce à cause de toute ma préparation magique, peut-être est-ce à cause de la magie de mon trou extradimentionnel? Oh, oui, mon cher trou portable, perdu! Peut-être est-ce la combinaison de toutes ces choses? C'est çà le plaisir du mystère," avait finit par dire Anders.

- "Très bien, donne la moi maintenant," finit par dire le vieil homme en tendant la main en direction de la statuette.

- Alors que Anders tendait la main vers la figurine, Josidiah l'étreignit contre lui avec encore plus de force. "Jamais!" finit par dire l'elfe avec un sourire, pendant que le vieux mage se trouva lui aussi amusé par cette réaction.

- "Vraiment?" Répliqua Anders, à peine surprit. "Tu vas devoir payer pour mon cher trou perdu, pour mon temps et pour mes efforts!"
"Ce sera avec plaisir," répondit l'elfe, tenant toujours la statuette, sachant qu'il tenait la clé de la merveilleuse panthère noire, la clé vers Guenhwyvar. Josidiah réalisa qu'elle serait sans doute la compagne la plus fidèle qu'il pourrait avoir pour le reste de ses jours. À n'en pas douter, ce serait la somme d'argent la plus utile et la meilleure dépense qu'il aura fait de toute sa vie.

Quels yeux voient le chagrin
Tapi au font de mon âme?
Qui connaît le secret
De mon coeur perclus de solitude?
Qui partage mes passions
Et qui comprend mes incertitudes?

Toi, oui, toi cher compagnon,
Montagne de force et de muscles,
Animal archaique aux griffes acérées
Et à la démarche silencieuse,
Toi qui tues quand il faut
Et seulement pour survivre...

ô mon miroir, ma némésis,
Reflet serti dans une lumière noire,
Si ton mufle pouvait remplacer le mien
Et si ton coeur, dans ma poitrine,
Pouvait battre une marche
Sauvage, impérieuse, triomphante!

Que ton esprit est puissant,
Que ton honneur est remarquable,
Fier Guenhwyvar!
N'y renonce jamais,
Ami plus que précieux,
Et reste à mon coté.